Arrêtez de nous traiter de fou et de folles
Il y a des personnes qui vivent avec des troubles de santé mentale, sauf qu’il ne s’agit pas de fous, ni de folles. Peu importe le contexte.
Ces deux mots ont une signification et une utilisation extrêmement péjoratives, empreintes par les multiples années de stigmatisation, de violences et de préjugés. Ce n’est pas rien de les utiliser, que ce soit comme insultes, comme qualificatifs ou comme expression. Quelles que soient les intentions, l’utilisation de ces deux mots est nuisible à cause du contexte social psychophobe. C’est aussi le cas pour d’autres mots, comme par exemple « débile », « retardé », « attardé », « mongol », etc.
Les personnes affectées par des troubles de santé mentale connaissent tellement d’injustices, de jugements et de difficultés quotidiennes. Leurs vécus sont stéréotypés, et l’image collective qui leur est octroyée n’est jamais belle et positive. Au contraire.
Dans cet imaginaire basé sur les normes du système patriarcal sexiste et oppressif, un fou est une personne bizarre, dangereuse, violente et imprévisible qui dérange, et même qui commet des crimes.
Le mot folle vient aussi avec une immense charge sexiste. Ce mot est associé aux émotions débordantes, à la jalousie, à la manipulation, à la colère et même aux syndromes prémenstruels.
Sauf que ce qui est important de comprendre, c’est que même si vous croyez utiliser ces mots sans faire référence à la santé mentale, la référence y demeure quand même. Et elle ne pourra jamais disparaître.
En qualifiant une personne, une situation ou n’importe quelle chose de fou/folle, vous reliez directement les significations multiples que vous souhaitez insinuer, comme étant des qualificatifs propres aux personnes touchées par des troubles de santé mentale.
Dire qu’une personne ayant commis un attentat est « un fou », c’est aussi insinuer qu’il faut assurément avoir une condition de santé mentale pour commettre un attentat. C’est insinuer que les personnes qui sont touchées par ces conditions finissent par faire des crimes, qu’elles sont racistes et xénophobes.
Dire qu’une personne violente et qui hurle est « folle », c’est insinuer que les troubles de santé mentale sont liés à la violence, à la colère et aux cris excessifs.
Utiliser les mots « virer fou/folle » comme dans « je vais virer folle », c’est insinuer explicitement qu’il s’agit d’une honte d’être touché.e par un trouble de santé mentale, qu’il s’agit d’une chose horrible à éviter. Ça vient créer une ligne fictive qui sépare deux supposées catégories de personnes : les bonnes qui ne sont pas folles, pis les autres qui sont automatiquement classées comme étant des personne qu’il ne faudrait surtout pas être.
Dire qu’un.e tel.le « a l’air fou/folle », c’est insinuer que les personnes affectées par des conditions liées à la santé psychologique ont l’air bizarre, qu’elles s’arrangent mal, qu’elles sont laides, démodées ou repoussantes, par exemple.
Chaque signification que vous amenez dans les diverses utilisations de ces mots vont directement se loger comme étant les caractéristiques de ces personnes.
Et c’est pourtant complètement faux, en tout temps.
Non, les personnes touchées par des troubles de santé mentale ne sont pas des criminel.le.s qui commettent des attentats et des meurtres, qui crient, qui sont violentes, qui sont dérangeantes, qui sont bizarres, laides ou repoussantes.
Ce sont toutes des personnes importantes, qui ne sont en aucun cas inférieures aux autres. Elles doivent être respectées et valorisées.
Elles ne devraient jamais avoir à subir le poids et les conséquences horribles de tous ces préjugés, qui ont actuellement et depuis toujours de réels impacts sur leurs qualités de vie et leur bien-être.