J'ai peur de perdre le contrôle de ma vie
Le contrôle est pour plusieurs personnes, la seule manière connue pour tenter de faire taire cette anxiété journalière si profondément ancrée. Tout est bien tenu en place en fonction du vécu et des peurs, pour gérer et planifier d’avance ce chemin qui est censé ne pas contenir d’embûches.
Éviter minutieusement ce qui pourrait nécessité de la flexibilité et de l’adaptation devient partie intégrante du quotidien. Une routine si bien acquise, que l’évitement se transforme peu à peu en automatisme inconscient. Les personnes touchées par un trouble de personnalité obsessionnelle-compulsive vivent avec ces situations à tous les jours, d’une manière incomparable, qui peuvent générer énormément de détresse psychologique.
Tout ce qui ne peut pas être contrôlé et planifié en détails ne doit en aucun cas se produire dans leurs vies, au risque de perdre l’ensemble de leurs repères et de subir des états de panique. Les scénarios catastrophes semblent devenir le reflet d’une réalité qui se déroulera assurément si une seule chose n’est pas réalisée selons les plans prédéfinis.
Déléguer des tâches aux autres devient une épreuve pénible, une source d’anxiété et de colère si difficile à expliquer. La confiance est ardue, la solitude prend souvent le dessus.
Un perfectionnisme intensif se dresse comme souci principal, comme une priorité qui ne peut pas être négligée. Tout doit être parfait, effectué selon une méthode précise définie par soi-même exclusivement.
La vision et l’estime de soi deviennent aussi, avec le temps, régient uniquement par ces méthodes et ces échelles fictives de classifications, en fonction des valeurs, des principes, des choix de mots, des réalisations. Comme la perfection est la seule option envisageable, une dévalorisation et une haine de soi se présentent généralement pour ces personnes, puisque rien ne semble jamais réussi. Des troubles dépressifs et des troubles de consommation sont fréquents.
L’isolation des relations sociales permet aussi d’obtenir un contrôle plus grand sur l’ensemble des choses qu’il se passe dans le quotidien, puisque le fait d’entretenir des relations avec autrui demande une exposition émotionnelle et une perte de contrôle qui semble impossible à entrevoir. Être exposé.e à de futures situations non-planifiées est une source de peur sans fin qui paraît ingérable pour ces personnes. Il s’agit d’émotions très fortes qui ne doivent jamais être dénigrées.
Et puis, lorsqu’une chose s’écroule dans le quotidien, que ce contrôle absolu si bien empoigné semble disparaître en un instant, ces idées envahissantes et ces frayeurs grandissent à une vitesse fulgurante. Toutes les pièces de cet échiquier psychologique se mettent à remuer, menacent de foutre le camps sur le côté pour déserter cet équilibre si convoité, qui n’est pourtant jamais réellement présent malgré tout.
Ces personnes connaissent des idées très péjoratives et violentes envers elles-mêmes, qui s’accumulent pour dépeindre un portrait sombre de leurs identités. La valeur diminue, le respect ne semble pas mérité. Un jugement lourd s’appose avec force et il devient impossible de pardonner ces choses perçues comme étant des erreurs complètement horribles.
D’une manière générale, les personnes qui ressentent ce type de détresse ne sont pas du tout bien accueillies dans la société. Elles sont ridiculisées et catégorisées comme étant simplement dérangeantes et contrôlantes. Leurs difficultés sont banalisées, mais aussi très peu expliquées.
Provoquer un changement subit et volontaire dans la vie d’une personne touchée par un trouble de personnalité obsessionnelle-compulsive sans qu’elle le sache et qu’elle soit d’accord n’est pas une manière de l’aider. Il est plus qu’important de comprendre qu’il s’agit d’un trouble de santé mentale qui nécessite du soutien, mais aussi une ouverture, du respect et de l’empathie. Ces personnes se jugent très sévèrement et peuvent se dévaloriser sur une base régulière. Elles n’ont pas besoin de sentir qu’elles sont bizarres et dérangeantes via des commentaires, des propos et des actions. Ce n’est pas parce que vous aimez vous-mêmes le changement que cela aura des conséquences positives sur autrui. Au contraire.
Ces personnes ont le droit d’obtenir de l’aide pour améliorer leur qualité de vie. Pour déprogrammer d’une manière adaptée ces idées et ces schémas ancrés au quotidien qui leur procure beaucoup de détresse. Une réelle amélioration est envisageable, et ces personnes méritent d’obtenir tout le soutien nécessaire pour leur bien-être. Leurs vies sont importantes et elles valent autant que les autres.
Il ne faut jamais oublier que ces fonctionnements psychologiques s’accentuent très souvent suite à des épreuves et/ou des traumatismes, comme méthode d’autoprotection. Il ne s’agit jamais de caprices, ni de choix.
*Le trouble de personnalité obsessionnelle-compulsive est peu connu et est très fréquemment confondu avec le trouble obsessionnel-compulsif (TOC). Il s’agit de deux diagnostics et conditions différentes, qui ne sont pas liées ensemble. Des personnes peuvent être touchées par les deux conditions ou par une seule, mais les symptômes ne sont pas les mêmes. Chaque situation varie d’une personne à une autre, et tous.tes doivent être respectées.